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l’archipel en feu.

Syphanta allait être obligé de lutter à l’arme blanche contre les pirates. Leur ligne s’était refermée, leur cercle se rétrécissait. La corvette devenait le point de mire de tous ces feux convergents.

Mais elle se défendait bien pour l’honneur du pavillon qui battait toujours à sa corne. Son artillerie faisait de grands ravages à bord de la flottille. Deux autres bâtiments, une saïque et une felouque, furent encore détruits. L’une coula. L’autre, percée de boulets rouges, ne tarda pas à disparaître au milieu des flammes.

Toutefois, l’abordage était inévitable. La Syphanta n’eût pu l’éviter qu’en forçant la ligne qui l’entourait. Faute de vent, elle ne le pouvait pas, tandis que les pirates, mus par leurs avirons de galère, s’approchaient en resserrant leur cercle.

Le brick au pavillon noir n’était plus qu’à une portée de pistolet, quand il lâcha toute sa bordée. Un boulet vint frapper les ferrures de l’étambot à l’arrière de la corvette, et la démonta de son gouvernail.

Henry d’Albaret se prépara donc à recevoir l’assaut des pirates et fit hisser ses filets de casse-tête et d’abordage. Maintenant, c’était la mousqueterie qui éclatait de part et d’autre. Pierriers et espingoles, mousquets et pistolets, faisaient pleuvoir une grêle