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LE PILOTE DU DANUBE.

— Vous voulez rire ?

— Eh !… qui sait ?… »

Karl Dragoch avait vivement relevé les yeux. C’était la seconde fois que cette hypothèse, décidément dans l’air, venait s’imposer à son attention. Mais il eut comme un imperceptible haussement d’épaules, et acheva son dîner sans prononcer une parole. Plaisanterie que tout cela. D’ailleurs, il était bien renseigné, ce bavard, qui ne connaissait même pas l’arrivée d’Ilia Brusch à Ratisbonne.

Son dîner terminé, Karl Dragoch redescendit vers les quais. Là, au lieu de regagner tout de suite la barge, il s’attarda quelques instants sur le vieux pont de pierre qui réunit Ratisbonne à Stadt-am-Hof, son faubourg, et laissa errer son regard sur le fleuve, où quelques bateaux glissaient encore en se hâtant de profiter de la lumière mourante du jour.

Il s’oubliait dans cette contemplation, quand une main se posa sur son épaule, en même temps que l’interpellait une voix familière.

« Il faut croire, monsieur Jaeger, que tout cela vous intéresse.

Karl Dragoch se retourna et vit, en face de lui, Ilia Brusch, qui le regardait en souriant.

— Oui, répondit-il, tout ce mouvement du fleuve est curieux. Je ne me lasse pas de l’observer.

— Eh ! monsieur Jaeger, dit Ilia Brusch,