— Tu peux te retirer, ajouta-t-il. Ne manque pas de passer au Parquet et prends ensuite le premier train.
Ulhmann s’éloignait déjà. Karl Dragoch le rappela.
— Tu as entendu parler d’un certain Ilia Brusch ? interrogea-t-il.
— Ce pêcheur qui s’est engagé à descendre le Danube la ligne à la main ?
— Précisément. Eh bien, si tu me vois avec lui, n’aie pas l’air de me connaître. »
Là-dessus, ils se séparèrent, Friedrick Ulhmann disparut vers le haut quartier, tandis que Karl Dragoch se dirigeait vers l’hôtel de la Croix-d’Or, où il comptait dîner.
Une dizaine de convives, causant de choses et d’autres, étaient déjà à table, lorsqu’il prit place à son tour. S’il mangea de grand appétit, Karl Dragoch ne se mêla point à la conversation. Il écoutait, par exemple, en homme qui a l’habitude de prêter l’oreille à tout ce qu’on dit autour de lui. Aussi ne put-il manquer d’entendre, quand l’un des convives demanda à son voisin :
« Eh bien, cette fameuse bande, on n’en a donc pas de nouvelles ?
— Pas plus que du fameux Brusch, répondit l’autre. On attendait son passage à Ratisbonne, et il n’a pas encore été signalé.
— C’est singulier.
— À moins que Brusch et le chef de la bande ne fassent qu’un.