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LE PILOTE DU DANUBE.

où, séparés par de longs espaces, s’égrenaient de rares et pauvres hameaux.

Ce fut seulement vers huit heures du matin, que, toujours sur la rive droite, de hauts clochers piquèrent le ciel, tandis que, devant la barge, une autre ville plus lointaine montait à l’horizon. Serge Ladko eut un sursaut de joie. Ces villes, il les connaissait bien. L’une, la plus proche, c’était Semlin, dernière cité danubienne de l’empire austro-hongrois ; l’autre, juste en face de lui, c’était Belgrade, la capitale serbe, située également sur la rive droite, après un coude brusque du fleuve, au confluent de la Save.

Ainsi donc, pendant son incarcération, il avait continué à descendre le courant, sa prison flottante l’avait rapproché du but, et, sans même s’en rendre compte, il avait franchi plus de cinq cents kilomètres.

Pour l’instant, Semlin, c’était le salut. Autant que besoin serait, il y trouverait aide et protection. Mais se résoudrait-il à demander du secours ? S’il se plaignait, s’il racontait son inexplicable aventure, n’allait-on pas ouvrir une enquête, dont il serait la première victime ? Peut-être voudrait-on savoir qui il était, d’où il venait, où il se rendait, et peut-être parviendrait-on à découvrir le nom qu’il s’était juré de ne jamais révéler, quoi qu’il arrivât.

Remettant à prendre un parti à ce sujet, Serge Ladko activa la marche de son embarcation. La demie de huit heures sonnait