— On ne sait jamais, répliqua Titcha, qui demanda : Enfin, que voulez-vous ?
— Parler à Ladko, répondit Dragoch sans baisser la voix.
Titcha resserra son étreinte.
— Chut ! fit-il en jetant autour de lui des regards apeurés. Vous avez donc juré de nous faire pendre ?
Karl Dragoch se mit à rire.
— Ah bien ! dit-il, ça ne va pas être commode de nous entendre, s’il faut parler à la muette !
— Aussi, gronda sourdement Titcha, on n’a pas idée d’aborder les gens au milieu de la nuit sans crier gare. Il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas dire en pleine rue.
— Je ne tiens pas à vous parler dans la rue, riposta Dragoch. Allons ailleurs.
— Où ?
— N’importe où. Il y a bien un cabaret dans les environs ?
— À quelques pas d’ici.
— Allons-y.
— Soit, concéda Titcha. Suivez-moi.
Cinquante mètres plus loin, les deux compagnons arrivèrent sur une petite place. En face d’eux, une fenêtre brillait faiblement dans la nuit.
— C’est là, dit Titcha.
La porte ouverte, ils entrèrent de plain-pied dans la salle déserte d’un modeste café dont une dizaine de tables garnissaient le pourtour.