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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

quait. La lumière, en atteignant la surface du corps opaque imprégné de cette substance, se décomposait, et les rayons qui la constituent se transformaient tous indistinctement en ces radiations inconnues dont j’imaginais l’existence. Ces radiations traversaient donc librement ce corps, puis, subissant, au moment d’en sortir, une transformation en sens contraire, reprenaient leurs différentes formes premières et impressionnaient nos yeux comme si le corps opaque n’eût pas existé.

Sans doute, bien des points demeuraient obscurs. Comment expliquer qu’on n’aperçût pas plus les vêtements de Wilhelm Storitz que lui-même, et que cependant les objets qu’il tenait à la main demeurassent visibles ?

D’autre part, quelle était la substance capable d’engendrer des effets aussi miraculeux ? Cela, je ne le savais pas, et c’était fort regrettable en vérité, attendu que, si je l’avais su, j’aurais pu en faire usage et lutter contre notre ennemi à armes égales. Mais peut-être, après tout, était-il possible de le vaincre, sans posséder cet avantage ? Je me posais, en effet, ce dilemme : Quelle que fût cette substance inconnue, ou son action était transitoire, ou elle était perpétuelle. Dans le premier cas, Wilhelm Storitz était obligé d’en absorber de nouvelles doses à intervalles plus ou moins rapprochés. Dans le second, il lui fallait nécessairement détruire parfois l’effet de sa drogue par une autre drogue antagoniste, un contrepoison en quelque sorte, car il est des circonstances où l’invisibilité serait, non une supériorité, mais une infériorité véritable. Dans les deux cas, Wilhelm Storitz était astreint, soit à fabriquer, soit à prendre dans une réserve préexistante la substance qu’il désirait employer, la quantité qu’il en pouvait posséder sur sa personne n’étant évidemment pas illimitée.

Ce jalon posé, je me demandai quel sens avaient ces sonneries de cloches, ces lumières agitées frénétiquement. Cela ne rimait à rien. C’était incohérent, comme je l’ai déjà fait observer.