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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

À l’exemple de son ennemi, celui-ci a mis sabre au clair. Tous deux sont face à face comme dans un duel, l’un qu’on voit, l’autre qu’on ne voit pas !… Les deux sabres sont engagés, l’un tenu par une main visible, l’autre tenu par une main qu’on ne peut voir !…

Trop rapide est cet étrange combat pour que nous puissions intervenir.

Il est évident que Wilhelm Storitz connaît le maniement du sabre. Quant au capitaine Haralan, il attaque sans essayer de se défendre. Par un coup de manchette rapidement riposté, il est atteint à l’épaule. Mais son arme a foncé en avant… Un cri de douleur retentit… Les herbes de la pelouse s’inclinent…

Ce n’est pas le vent qui les courbe. Ainsi que nous allons bientôt en être sûrs, c’est le poids d’un corps humain, le poids du corps de Wilhelm Storitz transpercé d’outre en outre, en pleine poitrine… Un flot de sang a jailli, et, en même temps que la vie se retire, voici que ce corps invisible reprend peu à peu sa forme matérielle, voici qu’il reparaît dans les suprêmes convulsions de la mort.

Le capitaine Haralan s’est jeté sur Wilhelm Storitz. Il lui crie :

« Myra ?… Où est Myra ?… »

Mais il n’y a plus là qu’un cadavre, la figure convulsée, les yeux ouverts, le regard encore menaçant, le cadavre visible de l’étrange personnage qui fut Wilhelm Storitz !