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XVII


Ainsi périt tragiquement Wilhelm Storitz.

Hélas ! sa mort survenait trop tard. Bien que la famille Roderich n’eût désormais plus rien à craindre, cette mort aggravait la situation plutôt qu’elle ne l’améliorait, puisqu’elle nous faisait perdre l’espoir de retrouver Myra.

Accablé par la responsabilité qui pesait sur lui, le capitaine Haralan contemplait d’un air morne son ennemi abattu. Enfin, prenant son parti de ce malheur irréparable, il eut un geste de désespoir et s’éloigna à pas lents dans la direction de l’hôtel Roderich, afin de mettre les siens au courant de ces déplorables événements.

Le lieutenant Armgard et moi restâmes sur place, au contraire, en compagnie de M. Stepark, venu, comme par miracle, nous ne savions d’où. Le silence était parfait, malgré ces centaines d’hommes, dont la curiosité était portée au paroxysme, qui se tassaient autour de nous, se serraient les uns contre les autres, s’efforçant de mieux voir.

Tous les regards étaient fixés sur le cadavre. Un peu retourné sur le côté gauche, ses vêtements souillés de sang, la face décolorée, la main droite tenant encore le sabre du lieutenant, le bras gauche à demi replié, Wilhelm Storitz était bon pour la tombe, dont son malfaisant pouvoir n’avait pas réussi à l’affranchir.

« C’est bien lui ! murmura M. Stepark, après l’avoir longuement regardé.

Les agents s’étaient approchés, non sans quelque appréhension. Ils le reconnurent aussi. Pour joindre à la certitude de la