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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

vue celle du toucher, M. Stepark tâta le cadavre de la tête aux pieds.

— Mort… bien mort ! dit-il, en se relevant.

Le Chef de Police donna un ordre, et aussitôt une dizaine d’hommes attaquèrent les décombres au point même où, avant, la mort de Storitz, ceux-ci avaient paru animés de si étranges mouvements.

— D’après la conversation que nous avons surprise, me dit M. Stepark, répondant à une question que je lui posais, c’est là que doit se trouver la cachette dans laquelle le misérable recelait la substance qui lui permettait de nous braver. Je ne m’en irai pas d’ici avant d’avoir découvert cette cachette et avant d’avoir détruit tout ce qu’elle contient. Storitz est mort. Dût la science me maudire, je veux que son secret meure avec lui. »

En moi-même, je donnais pleinement raison à M. Stepark. Bien que la découverte d’Otto Storitz fût de nature à exciter l’intérêt d’un ingénieur, je ne prouvais lui reconnaître aucune utilité pratique, et je comprenais qu’elle favorisait seulement les plus mauvaises passions de l’humanité.

Bientôt une petite plaque de fer fut mise à nu. On la souleva, et les premières marches d’un étroit escalier nous apparurent.

À ce moment, une main saisit la mienne, tandis qu’une voix plaintive se faisait entendre.

« Pitié !.. Pitié !… disait-elle.

Je me retournai, mais je ne vis personne. Pourtant, ma main était toujours prisonnière, et la voix suppliante continuait à se faire entendre.

Les agents avaient interrompu leur travail. Tout le monde s’était tourné de mon côté. Avec une anxiété facile à comprendre, j’étendis celle de mes mains demeurée libre et j’explorai l’espace autour de moi.

À la hauteur de ma taille, mes doigts rencontrèrent une chevelure, et, plus bas, frôlèrent un visage inondé de larmes. Évi-