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LE SECRET DE WILHELM STORITZ.

Bien qu’elle fut invisible, il n’était pas douteux que la fiancée fût vivante, et, dès lors, apte à recevoir le sacrement du mariage.

Les bans ayant été publiés depuis longtemps, rien ne s’opposa à ce que la date de la cérémonie fût fixée au 2 juillet.

La veille, Myra me dit, ainsi qu’elle me l’avait dit une fois déjà :

« C’est pour demain, Henri… N’oubliez pas ! »

Ce second mariage fut, comme le premier, célébré à la cathédrale Saint-Michel, et dans les mêmes conditions. Mêmes témoins, mêmes amis et invités de la famille Roderich, même affluence de la population.

Qu’il s’y soit mêlé une dose de curiosité plus grande, je l’accorde, et cette curiosité, on la comprendra, on l’excusera. Sans doute, il restait encore dans cette assistance des appréhensions dont le temps seul triompherait. Oui, Wilhelm Storitz était mort ; oui, son serviteur Hermann était mort également… Et pourtant, plus d’un se demandait si cette seconde messe de mariage n’allait pas être interrompue comme la première, si des prodiges ne troubleraient pas de nouveau la cérémonie nuptiale.

Voici les deux époux dans le chœur de la cathédrale. Le fauteuil de Myra paraît inoccupé. Elle est là, cependant.

Marc est debout, tourné vers elle. Il ne peut la voir, mais il la sent près de lui. Il la tient par la main, comme pour attester sa présence devant l’autel.

Derrière, sont placés les témoins, le juge Neumann, le capitaine Haralan, le lieutenant Armgard et moi ; puis M. et Mme Roderich, la pauvre mère agenouillée, implorant du Tout-Puissant un miracle pour sa fille !… Autour se pressent les amis, les notabilités de la ville, emplissant la grande nef, et les bas-côtés fourmillent de monde.

Les cloches sonnent à toute volée, les orgues résonnent à pleins jeux.

L’archiprêtre et ses acolytes sont arrivés. L’office commence,