Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/102

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En une année, on ne tuait pas moins d’une quarantaine de lions au milieu de ces taillis, et, quant aux panthères, cela montait à plusieurs centaines, sans parler des bandes hurlantes de chacals. Comme on le pense, Saouk, qui était censé ne pas comprendre, restait indifférent à ces terribles récits, et maître Antifer n’avait guère souci des panthères et des lions tunisiens. Y en eût-il par millions sur l’îlot numéro deux, il ne reculerait pas d’une semelle…

Mais, le banquier d’un côté, le notaire de l’autre, prêtaient l’oreille aux histoires de Gildas Trégomain. Si Zambuco fronçait parfois le sourcil en jetant des regards obliques à travers la portière, Ben-Omar, détournant les siens, se pelotonnait en son coin, tressaillant et pâlissant, lorsque quelque rauque hurlement retentissait sous les épais fourrés de la route.

« Eh, ma foi, dit le gabarier ce jour-là, je tiens du conducteur que la diligence a été dernièrement attaquée… Il a fallu faire le coup de feu contre ces fauves… Et même, la nuit précédente, on avait dû brûler la voiture, afin d’éloigner une troupe de panthères par l’éclat des flammes…