Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/103

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— Et les voyageurs ?… demanda Ben-Omar ?

— Les voyageurs furent forcés d’aller à pied jusqu’au relais, répondit Gildas Trégomain.

— À pied !… s’écria le notaire d’une voix tremblotante. Moi… je ne pourrais jamais…

— Eh bien… vous resteriez en arrière, monsieur Omar, et nous ne vous attendrions pas, soyez-en sûr ! »

On le devine, cette réponse, peu charitable et peu rassurante, venait de maître Antifer. Il n’intervint pas autrement dans la conversation, et Ben-Omar eut à reconnaître que, décidément, soit sur terre, soit sur mer, il n’était pas fait pour les voyages.

Cependant la journée s’écoula sans que les fauves eussent autrement signalé leur présence que par de lointains hurlements. Mais, à son grand ennui, Gildas Trégomain dut se dire que la nuit serait déjà complète, lorsque la diligence atteindrait Bône.

En effet, il était sept heures du soir, quand elle passa, trois ou quatre kilomètres avant la ville, près d’Hippone, — une localité célèbre, grâce au nom impérissable de saint Augustin, et curieuse par ses profondes citernes, où les vieilles Arabes se livrent à leurs incan-