Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/104

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tations et leurs sortilèges. Quelque vingt ans plus tard, on aurait vu apparaître les fondations de cette basilique et de cet hôpital que la main puissante du cardinal de Lavigerie devait faire jaillir des entrailles du sol.

Bref, une profonde obscurité enveloppait Bône, sa promenade littorale le long des remparts, son port oblong que termine une pointe sablonneuse à l’ouest, les massifs de verdure qui ombragent le quai du fond, la partie moderne de la ville avec sa large place, où s’élève maintenant la statue de M. Thiers en redingote de bronze, et enfin, sa Casbah, qui aurait pu donner au gabarier un avant-goût de la Casbah d’Algerre.

Avouons-le, la malchance poursuivait l’excellent homme, et il ne se consola qu’en songeant à prendre sa revanche dans la capitale de « l’Autre France ».

On fit choix d’un hôtel situé sur la place, puis on soupa, puis on se coucha dès dix heures, afin d’être prêts pour le train du lendemain matin. Et, cette nuit, paraît-il, éreintés par soixante heures de voiture, tous dormirent d’un profond sommeil, — même le terrible Antifer !