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mois environ depuis le départ de Juhel. En voyant qu’elle était timbrée de la Régence de Tunis, Énogate sentit son cœur battre de bonheur. Les voyageurs avaient donc quitté Mascate… ils étaient rentrés dans les mers d’Europe… ils revenaient vers la France… Que fallait-il pour atteindre Marseille ?… Au plus trois jours ! Et pour atteindre Saint-Malo par ces rapides trains du P.-L.-M. et de l’Ouest ?… Au plus vingt-six heures !

La mère et la fille étaient assises dans une des chambres du rez-de-chaussée, après avoir refermé la porte sur le brave homme de facteur. Personne ne viendrait les troubler. Elles pouvaient laisser déborder leurs sentiments.

Dès qu’elle eut essuyé ses yeux un peu humides, Énogate brisa l’enveloppe, en tira la lettre, et lut à voix haute, donnant à chaque phrase le temps d’être bien comprise.

Régence de Tunis, La Goulette,
22 avril 1862
« Ma chère Énogate,

« Je t’embrasse pour ta mère d’abord, pour toi ensuite et enfin pour moi. Mais que nous