Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’imanat, disant à quel degré de surexcitation, voisin de la folie, en était maître Antifer, et annonçant le projet de gagner Sohar.

Aussi furent-elles dévorées, ces lettres de Juhel, qui ne se bornaient pas à raconter des impressions de voyage, ni à dévoiler l’état moral de son oncle, mais qui exprimaient à la jeune fille tout le chagrin de son fiancé d’avoir été séparé d’elle à la veille de leur mariage, d’être si loin, puis l’espoir de la revoir bientôt, d’arracher le consentement de leur oncle, même s’il revenait les mains pleines de millions ! Énogate et Nanon lisaient et relisaient ces lettres, auxquelles elles ne pouvaient répondre — cette consolation leur étant enlevée. Alors elles se livraient à tous les commentaires que ces récits leur suggéraient ; elles comptaient sur leurs doigts les jours pendant lesquels les absents seraient encore retenus dans ces mers lointaines ; elles les rayaient vingt-quatre heures par vingt-quatre heures du calendrier piqué au mur de la salle ; enfin, après la dernière missive, elles s’abandonnaient à l’espoir que la seconde moitié du voyage serait consacrée au retour.

Une troisième lettre arriva le 29 avril, deux