Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/127

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travaux entrepris pour l’amélioration du port.

Par exemple, si le gabarier n’avait jamais fait connaissance avec les nègres M'Bambaras, rien ne lui serait plus facile maintenant. En effet, ces indigènes pullulent dans les rues de Dakar. Grâce à leur tempérament sec et nerveux, leur crâne épais, leur toison crépue, ils peuvent impunément supporter les ardeurs du soleil sénégalien. Quant à Gildas Trégomain, il avait cru devoir étendre sur sa tête son large mouchoir à carreaux, qui tant bien que mal lui tenait lieu d’ombrelle.

« Seigneur Dieu, qu’il fait chaud ! s’écria-t-il. Je ne suis vraiment pas fait pour vivre sous les Tropiques !

— Ce n’est rien encore, monsieur Trégomain, répondit Juhel, et, lorsque nous serons au fond du golfe de Guinée, à quelques degrés au-dessous de l’Équateur…

— Je fondrai, pour sûr, répliqua le gabarier, et je ne rapporterai au pays que ma peau et mes os ! D’ailleurs, ajouta-t-il avec son bon sourire, tandis qu’il épongeait sa face suintant comme un alcarrazas, il serait difficile de rapporter moins, n’est-ce pas ?

— Eh ! vous avez déjà maigri, monsieur