Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/128

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Trégomain, fit observer le jeune capitaine.

— Tu trouves ?… Bah ! J’ai de la marge avant d’être réduit à l’état de squelette ! À mon avis, mieux vaut être maigre, quand on s’aventure dans des endroits où les gens se nourrissent de chair humaine. Est-ce qu’il y a des cannibales… du côté de la Guinée ?…

— Plus guère… je l’espère, du moins ! répondit Juhel.

— Eh bien, mon garçon, tâchons de ne point tenter les naturels par notre embonpoint ! Et puis, qui sait, après l’îlot numéro deux, s’il faut aller chercher un îlot numéro trois… dans des pays où l’on se mange en famille…

— Comme l’Australie ou les îles du Pacifique, monsieur Trégomain !

— Oui !… Là les habitants sont anthropophages !… »

Il aurait pu même dire « philantropophages », le digne gabarier, s’il eût été capable de forger ce mot, car, en ces pays-là, c’est par pure gourmandise que l’on dévore son semblable.

Mais, de penser que maître Antifer pousserait l’entêtement jusque-là, que la folie des millions pourrait le conduire en ces lointains