Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/141

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n’est pas tant soit peu familiarisé avec l’idiome britannique ? Or, Juhel, on le sait, parlait couramment cette langue, et il en avait largement usé lors de ses rapports avec le prétendu interprète de Mascate. Il communiqua donc au capitaine la proposition de relâcher à Ma-Yumba. Ce détour n’allongerait la traversée que de quarante-huit heures environ… On ne demanderait pas mieux que de payer le retard et les dépenses qu’il comporterait, consommation de combustible, nourriture de l’équipage, indemnité aux armateurs du Cintra, etc.

Le capitaine saisit-il la proposition que lui fit Juhel ? Oui, à n’en pas douter, surtout lorsqu’elle fut appuyée d’une démonstration sur la carte du golfe de Guinée. Entre marins, on se comprend d’un mot. Et, en vérité, rien n’eût été plus simple que de s’écarter vers l’est, afin de déposer cette demi-douzaine de passagers à Ma-Yumba, puisque ces passagers offraient une somme convenable.

Le capitaine refusa. Esclave des règlements du bord, il était frété pour Loango, il irait à Loango. De Loango, il devait aller à Saint-Paul-de-Loanda, il irait à Saint-Paul-de-Loanda — pas ailleurs, quand même on voudrait lui