Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/140

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Dans l’après-midi du 19 mai, Gildas Trégomain fut pris d’une certaine émotion. Juhel venait lui apprendre qu’il allait franchir l’Équateur. Enfin pour la première fois, pour la dernière sans doute, l’ex-patron de la Charmante-Amélie avait l’occasion de pénétrer dans l’hémisphère austral. Quelle aventure, lui, un marinier de la Rance ! Aussi fut-ce sans trop de regret qu’il remit aux matelots du Cintra, à l’exemple des autres passagers, sa piastre de bienvenue en l’honneur du passage de la Ligne.

Le lendemain, au soleil levant, le Cintra se trouvait en latitude de la baie Ma-Yumba, à une distance de cent milles environ. Si le capitaine du paquebot eût consenti à se porter en cette direction, à relâcher dans ce port qui appartient à l’état de Loango, que de fatigues, que de dangers peut-être il aurait épargnés à maître Antifer et aux siens ! Cette relâche les eût dispensés d’un parcours extrêmement difficile à la lisière du littoral.

Aussi, poussé par son oncle, Juhel essaya-t-il de pressentir le capitaine du Cintra à ce sujet. Ce Portugais connaissait quelques mots de la langue anglaise, et quel est le marin qui