Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/149

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et le Malouin n’hésitera pas à l’adopter. »

Ce n’était pas douteux, en effet, et il y avait lieu de craindre que les deux colégataires, dépouillés de leurs richesses, ne disparussent avec leurs compagnons pendant la navigation de retour à travers le golfe de Guinée.

Et qui aurait pu empêcher le crime ? Et qui pourrait en rechercher les auteurs ?

Le Loango n’est pas sous la domination portugaise comme le sont l’Angola et le Benguela. C’est un des royaumes indépendants de ce Congo, — compris entre le fleuve Gabon, au nord, le fleuve Zaïre, au sud, — qui devait bientôt appartenir à la France. Mais, à cette époque, depuis le cap Lopez jusqu’au Zaïre, les rois indigènes reconnaissaient le souverain de Loango et lui payaient tribut généralement en esclaves : tels ceux de Cassange, Tomba Libolo, et certains vassaux régnant sur de petits territoires très divisés. La société est régulièrement constituée parmi ces nègres : en haut, le roi et sa famille, puis les princes-nés, c’est-à-dire issus d’une princesse qui seule peut leur transmettre la noblesse, puis les maris des princesses qui sont suzerains, puis les prêtres, les fétiches ou « yangas »,