Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/163

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des singes, ce n’étaient pas ces animaux qui auraient gêné nos voyageurs, s’ils eussent été contraints d’aller pédestrement de Loango à Ma-Yumba. Non, ce qui aurait constitué un danger plus sérieux, c’est la présence de ces panthères et de ces lions que l’on voyait bondir entre les taillis, fauves prodigieux de souplesse, dont la rencontre aurait été redoutable. Le soir venu, de rauques hurlements, des aboiements lugubres, éclataient au milieu de ce silence impressionnant qui se fait à la tombée de la nuit. Ce concert arrivait comme un mugissement de tempête jusqu’au boutre. Troublés, surexcités, les éléphants s’ébrouaient à fond de cale, répondaient par des grognements sauvages, et, en s’agitant, faisaient craquer la membrure du Portalègre. Décidément, c’était une cargaison un peu inquiétante pour les passagers.

Quatre jours s’écoulèrent. Aucun incident ne vint rompre la monotonie de cette traversée. Le beau temps continuait à se maintenir. La mer était au calme blanc, si bien que Ben-Omar ne ressentait aucun malaise. Nul tangage, nul roulis, et, quoique lourdement lesté dans ses fonds, le Portalègre était presque insen-