Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Oui ! et qu’on ne s’étonne pas si le pauvre bonhomme est affreusement malade !

En effet, le boutre est pris d’un roulis injustifiable, absurde, inadmissible. Successivement, il donne de bâbord à tribord une bande insensée.

L’équipage se précipite à l’avant, à l’arrière. Le capitaine Barroso accourt…

« Qu’est-ce donc ?… demande Juhel.

— Qu’y a-t-il ?… » demande le gabarier.

S’agit-il d’une éruption sous-marine, dont les secousses menacent de faire chavirer le Portalègre ?…

D’ailleurs, ni maître Antifer, ni Saouk n’ont l’air de s’en apercevoir.

« Ah !… les éléphants ! » s’écrie Juhel.

Oui ! ce sont les éléphants qui occasionnent ce roulis. Sous l’empire d’un caprice inexplicable, l’idée leur est venue de se porter alternativement et ensemble sur leurs pattes de derrière, puis sur leurs pattes de devant. Ils impriment au boutre un balancement formidable, qui paraît leur plaire, comme plaît à l’écureuil sa course giratoire dans sa cage tournante. Mais quels écureuils, ces énormes pachydermes !