Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/167

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les entrailles duquel Kamylk-Pacha avait enfoui son trésor, ne se composait que de rochers stériles, de pierres dénudées, sans un arbre, sans un arbuste, nul doute qu’ils se fussent écriés désespérément :

« Non !… ce n’est pas encore celui-là ! »

Il est vrai, depuis 1831, c’est-à-dire pendant une période de trente et un ans, la nature avait eu le temps de recouvrir ledit îlot de verdoyants massifs…

Le Portalègre le ralliait paisiblement, de manière à en doubler la pointe nord, ses voiles à peine gonflées par les dernières brises du soir. Si le vent tombait absolument, force serait de mouiller pour attendre le lever du jour.

Mais, tout à coup, voici qu’un lamentable gémissement se fait entendre à côté du gabarier, qui s’était accoudé sur le bastingage de tribord.

Gildas Trégomain se retourne…

C’est Ben-Omar qui vient de pousser ce gémissement.

Le notaire est pâle, il est livide, il a le cœur sur les lèvres, il a le mal de mer…

Quoi ! par ce temps si calme, sur cette baie endormie, sans une ride à sa surface ?…