Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

brassées à faire pour atteindre les roches de l’îlot. Seuls, les éléphants avaient disparu au milieu d’un élément pour lequel la nature ne les a point créés. Ils s’étaient bel et bien noyés. Après tout, c’était leur faute. Il n’est pas permis de transformer un boutre en escarpolette.

Le premier cri de maître Antifer, en débarquant sur l’îlot, avait été :

« Et nos instruments ?… Et nos cartes ?… »

Par malheur, — et c’était une perte irréparable — ni le sextant, ni le chronomètre, ni l’atlas, ni le bouquin de la Connaissance des Temps n’avaient pu être sauvés, le sinistre s’étant accompli en quelques secondes. Par bonheur, le banquier et le notaire d’une part, le gabarier de l’autre, portaient dans leur ceinture l’argent du voyage, et les naufragés ne devaient éprouver aucun embarras de ce chef.

Notons que Gildas Trégomain n’avait pas eu de difficulté à se soutenir sur l’eau, le poids du liquide déplacé par son volume étant supérieur à celui de son corps, et, rien qu’en obéissant aux ondulations de la houle, il était venu tranquillement s’échouer, comme un cétacé, sur une grève de sable jaune.