Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/183

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— Ne dis pas cela, Juhel ! s’écria maître Antifer. Par le Dieu vivant, ne dis pas cela ! »

Et, dans un accès d’indescriptible fureur, ses dents broyèrent le caillou qui roulait entre ses mâchoires. Jamais il n’avait été plus près d’être frappé d’une congestion cérébrale.

Juhel ne crut pas devoir résister à pareil entêtement. Les recherches qui, selon lui, n’aboutiraient point, n’exigeraient pas plus d’une quinzaine de jours. Lorsque maître Antifer serait convaincu qu’il n’avait plus rien à espérer, il faudrait, bon gré mal gré, qu’il prît son parti de revenir en Europe. Aussi Juhel répondit-il :

« Soyons prêts à embarquer sur cette chaloupe de pêche, dès qu’elle aura atterri.

— Pas avant d’avoir visité cet îlot, répondit maître Antifer, car… enfin… pourquoi ne serait-ce pas celui-ci ? »

Observation logique, après tout. Qui sait si les chercheurs de trésor n’étaient pas arrivés au but, si le hasard n’avait pas fait ce qu’ils ne pouvaient plus faire faute de sextant et de chronomètre ? Chance très invraisemblable, dira-t-on ? Soit ! Mais, à la suite de tant de