Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/191

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celui-ci n’eût préparé quelque mauvais coup, de concert avec le capitaine portugais. Une pensée ne le quittait pas, d’ailleurs. C’est que si le trésor échappait au Malouin, son tant pour cent risquait fort de prendre la même route. Une ou deux fois, il essaya de pressentir Saouk ; mais Saouk, l’œil sombre, la physionomie farouche, se sentant peut-être surveillé par Juhel, ne lui répondit pas.

En effet, la défiance de Juhel s’aggravait singulièrement à voir l’attitude de Ben-Omar vis-à-vis de Nazim. Même dans les études d’Alexandrie, il est inadmissible que ce soit le clerc qui commande et le notaire qui obéisse, et, à n’en pas douter, il en était ainsi de ces deux personnages.

Quant au gabarier, il ne s’occupait que des singes. Parfois, sa bonne et avenante figure répondait à leurs grimaces, son œil se fermant, son nez se retroussant, ses lèvres s’arrondissant. Nanon et Énogate ne l’auraient pas reconnu, alors qu’il s’abandonnait à ces distorsions simiesques.

Énogate !… Ah ! la pauvre enfant ! Certes, en ce moment, elle pensait à son fiancé, puisqu’elle y pensait toujours ! Mais que, ce jour