Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/192

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même, Juhel, réduit à l’état de naufragé, en fût à marcher au milieu d’une escorte de chimpanzés, jamais, non, jamais, elle n’eût pu imaginer cela !

Sous cette latitude et à cette époque de l’année, le soleil décrit un demi-cercle de l’est à l’ouest, en passant presque au zénith. Il en résulte que ce ne sont pas des rayons obliques, mais des rayons perpendiculaires qu’il projette sur ces territoires. Elle est donc bien nommée, la zone torride, cette zone où on est littéralement torréfié depuis l’aube jusqu’au crépuscule !

« Et ces farceurs-là qui n’ont pas l’air d’avoir chaud ! se disait le gabarier en observant la douzaine de quadrumanes qui se démenait pour évoluer sur les flancs du groupe. C’est à vous donner envie d’être singe ! »

Peut-être, afin d’échapper à cette averse de rayons solaires, eût-il mieux valu cheminer à l’ombre des arbres ? Mais ces massifs, composés de troncs ramifiés très bas, semblaient être impénétrables. À moins d’être quadrumane — ainsi que Gildas Trégomain en manifestait le désir, — et de pouvoir circuler entre les branches, il eût été à peu près impossible