Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/195

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animaux ne quittent pas volontiers l’abri des arbres, et le fracas des lames mugissantes est sans attrait pour eux. Probablement, ce mot qui signifie « poésie », le naturaliste américain Garner aura quelque peine à le découvrir dans leur langue incomplète.

Lorsque l’escorte s’arrêta à la limite des arbres, ce ne fut pas sans avoir manifesté des intentions peu conciliantes, hostiles même, à l’égard de ces étrangers, en train de poursuivre leur exploration jusqu’à l’extrémité de l’îlot. Quels hurlements féroces ils poussèrent ! Avec quelle violence ils se raclèrent la poitrine ! L’un d’eux ramassa des pierres, et les lança d’un bras vigoureux. Or, comme il fut imité par les autres, maître Antifer et ses compagnons ne risquaient rien moins que d’être lapidés. Et c’est probablement ce qui se fût produit, s’ils avaient eu l’imprudence de riposter, puisqu’ils n’égalaient leurs agresseurs ni en force ni en nombre.

« Ne répondons pas… ne répondons pas ! s’écria Juhel, en voyant Gildas Trégomain et Saouk ramasser des projectiles.

— Pourtant… fit le gabarier, dont le chapeau venait d’être enlevé d’un coup de pierre.