Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/20

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demeure ce banquier Zambuco auquel notre oncle doit communiquer cet infernal document… Mais lorsque la latitude de l’une et la longitude de l’autre auront déterminé le gisement du nouvel îlot, jusqu’où faudra-t-il l’aller chercher ? Toute la question est là, et, à mon avis, elle est grave, puisque c’est d’elle que dépend notre retour en France… et près de toi… »

Énogate laissa tomber la lettre, que sa mère ramassa. Elle ne pouvait en continuer la lecture. Elle voyait les absents entraînés à des milliers de lieues, exposés aux plus grands dangers dans des contrées terribles, n’en revenant jamais peut-être, et ce cri lui échappa :

« Oh ! mon oncle… mon oncle, quel mal vous faites à ceux qui vous aiment tant !

— Pardonnons-lui, ma fille, répondit Nanon, et demandons à Dieu de le protéger ! »

Il y eut quelques instants de silence, pendant lesquels ces deux femmes s’unirent dans une même prière.

Puis, Énogate reprit :

« C’est le 16 avril que nous avons quitté Port-Saïd. On ne doit point faire escale avant Tunis. Les premiers jours, nous avons na-