Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/21

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vigué assez près du littoral égyptien, et au moment où Ben-Omar entrevit le port d’Alexandrie, quel regard il lui jeta !… J’ai cru qu’il voudrait y débarquer, quitte à perdre sa prime… Mais son clerc est intervenu, et, dans leur langue dont nous n’avons pas compris un mot, il lui a fait entendre raison — assez brutalement, à ce qu’il m’a semblé. Il est visible que Ben-Omar a peur de ce Nazim, et j’en suis à me demander si cet Égyptien est bien l’homme qu’il dit être, tant il a l’air d’un bandit ! Aussi, quoi qu’il en soit, je me promets de le surveiller.

« Au-delà d’Alexandrie, nous avons pris direction sur le cap Bon, en laissant au sud les golfes de Tripoli et de Gabès. Enfin, le revers des montagnes tunisiennes d’un aspect si sauvage s’est montré à l’horizon, avec les quelques fortins abandonnés qui hérissent leurs crêtes, un ou deux marabouts entre les rideaux de verdure. Puis, dans la soirée du 21 avril, nous avons atteint la rade de Tunis, et notre bâtiment a mouillé, le 22 avril, devant les môles de la Goulette.

« Ma chère Énogate, si, à Tunis, je suis plus près de toi que lorsque nous étions là-