Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/226

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de peines, nous n’aurons plus qu’à revenir tranquillement en France, et…

— Lorsque Dieu commande, on doit obéir ! disait en ce moment le prédicateur.

— C’est aussi mon avis, pensa Juhel, et il faudra que mon oncle se soumette ! »

Mais le sermon ne finissait pas, et il n’y avait aucune raison pour qu’il ne durât pas l’éternité. Maître Antifer et le banquier donnaient de visibles marques d’impatience. Saouk rongeait sa moustache. Le notaire, du moment qu’il n’était plus sur le pont d’un navire, ne s’inquiétait de rien. Gildas Trégomain, la bouche bée, hochant la tête, l’oreille tendue, essayait de surprendre çà et là quelques mots qu’il cherchait vainement à traduire. Au fond, tous adressaient des regards interrogateurs au jeune capitaine, comme pour lui demander :

« Qu’est-ce que ce diable d’homme peut donc dire avec cette fougue inépuisable ? »

Et, lorsqu’il y avait lieu de croire que c’était fini, cela recommençait.

« Ah çà ! de quoi parle-t-il, Juhel ? s’écria maître Antifer d’une voix impatiente, qui provoqua les chuchotements de l’auditoire.