Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/252

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— Ah ! gueux !… Je saurai t’arracher cette lettre ! »

Juhel dut s’interposer pour éviter que son oncle en vînt à des voies de fait. Celui-ci le repoussa violemment… Il voulait étrangler le clergyman, qui restait aussi résolu qu’impassible… Il voulait fouiller cette chambre, fouiller cette armoire, fouiller ces papiers, et, il faut en convenir, les perquisitions n’eussent pas été longues. Mais il fut arrêté par cette simple et péremptoire réponse du révérend Tyrcomel :

« Inutile de chercher cette lettre…

— Et pourquoi ?… demanda le banquier Zambuco.

— Parce que je ne l’ai plus.

— Et qu’en avez-vous fait ?…

— Je l’ai brûlée.

— Au feu… il l’a jetée au feu ! vociféra maître Antifer. Le misérable !… Une lettre qui contenait un secret de cent millions, un secret qu’on ne pourra plus découvrir ! »

Et ce n’était que la vérité. Sans doute, afin de ne point être tenté d’en faire usage, — un usage contraire à tous ses principes sociaux, — le révérend Tyrcomel avait brûlé cette lettre depuis plusieurs années déjà.