Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/289

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chaient à gagner le soixantième-dix-septième parallèle, c’était la survenance des froids arctiques, qui auraient pu rendre très difficiles, et même impossibles les approches du Spitzberg. À cette époque de l’année, en juillet, il est déjà tard pour commencer une navigation en ces hauts parages. La mer peut se solidifier soudain sous l’influence d’une saute de vent. Et, pour peu que maître Antifer fût retenu à Hammerfest jusqu’au moment où les premières glaces dérivent vers le sud, ne serait-il pas imprudent de les affronter sur une chaloupe de pêche ?

Aussi était-ce là une des préoccupations, et l’une des plus sérieuses craintes de Juhel.

« Et si la mer se prenait d’un coup ?… lui demanda un jour Gildas Trégomain.

— Si la mer se prenait, mon oncle serait homme à hiverner au cap Nord pour attendre la saison prochaine !

— Eh ! mon garçon, on ne peut pourtant pas abandonner des millions !… » répliqua le gabarier.

Décidément, il n’en démordait plus, l’ancien marinier de la Rance ! Que voulez-vous ! Les