Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/300

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devant un roc, dressé comme une de ces stèles qui marquent le passage des navigateurs arctiques.

« Ici… ici ! » s’écria-t-il d’une voix étranglée par l’émotion.

On accourut… on regarda…

Sur la face antérieure de cette stèle apparaissait le monogramme de Kamylk-Pacha, son double K, si profondément gravé que les morsures d’un climat polaire n’en avaient pu ronger les lignes.

Tous demeurèrent silencieux, et tous, — il faut bien l’avouer, — se découvrirent comme s’ils fussent arrivés devant la tombe d’un héros. Et, en vérité, si ce n’était qu’un simple trou, ce trou ne renfermait-il pas une centaine de millions ?… Mais n’insistons pas, pour l’honneur de la nature humaine !

On se mit à l’œuvre. Cette fois, pic et pioche eurent rapidement fait sauter les éclats de roche au pied même de la stèle. À chaque coup, on s’attendait à ce que le fer rencontrât les cercles métalliques d’un baril ou en brisât les douves…

Soudain un grincement se produisit sous la pointe du pic que maniait maître Antifer.