Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/341

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à certains incidents ou accidents ? Les routes postales ne sont pas trop sûres. Il y a encore des brigands en Sicile, il y en aura toujours. Ils poussent là comme les oliviers ou les aloës.

Quoi qu’il en soit, la diligence partit le lendemain, et le voyage s’accomplit sans encombre. On atteignit Girgenti dans la soirée du 24 octobre, et si l’on n’était pas arrivé au but, du moins en était-on bien près…

Le banquier et le notaire se trouvaient au rendez-vous, l’un venu d’Alexandrie, l’autre venu de Tunis. Ô inextinguible soif de l’or, de quoi tu es capable !

En s’abordant, les deux cohéritiers n’échangèrent pas d’autre propos que ceux-ci :

« Sûr de l’îlot, cette fois ?…

— Sûr ! »

Mais de quel ton sarcastique avait répondu maître Antifer, et quel regard ironique dardait sa prunelle !

Trouver un bateau quelconque à Girgenti, cela ne pouvait être ni long ni difficile. Les pêcheurs ne manquent point dans ce port, ni même les caboteurs — balancelles, tartanes, felouques, speronares, ou tout autre échantillon de la marine méditerranéenne.