Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/342

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D’ailleurs, il ne s’agissait que d’une courte excursion en mer — quelque chose comme une promenade d’une quarantaine de milles, à l’ouest de la côte. Avec un vent portant, en démarrant le soir même, le lendemain on serait sur le gisement assez à temps pour faire le point avant midi.

Le bateau fut nolisé. Il se nommait la Providenza. C’était une felouque d’une trentaine de tonneaux, commandée par un vieux loup de mer — lupus maritimus — lequel, depuis une cinquantaine d’années, fréquentait ces parages. Et s’il les connaissait ! À pouvoir naviguer les yeux fermés depuis la Sicile jusqu’à Malte, depuis Malte jusqu’au littoral tunisien !

« Il est parfaitement inutile de lui apprendre ce que nous allons faire, Juhel ! »

Et, cette recommandation du gabarier, Juhel l’estima fort prudente.

Le patron de la felouque avait nom Jacopo Grappa. Et décidément comme la chance s’était déclarée pour les héritiers de Kamylk-Pacha, ce Jacopo Grappa, s’il ne parlait pas le français, le baragouinait assez pour comprendre et être compris.