Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/344

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et Juhel étaient l’un près de l’autre. La jeune femme s’abandonnait au charme de cette traversée. Ah ! que ne pouvait-elle suivre son époux partout où l’entraîneraient les hasards de ses campagnes au long cours !

De temps en temps, Juhel se rapprochait du timonier, vérifiait la direction suivie, c’est-à-dire si la Providenza gardait bien le cap à l’ouest. En tenant compte de la vitesse, il estimait que, vers onze heures, la felouque devrait être rendue sur les parages tant désirés. Puis, il revenait près d’Énogate, — ce qui lui valut plus d’une fois cette admonestation de Gildas Trégomain :

« Ne t’occupe pas tant de ta femme, Juhel, et un peu plus de notre affaire ! »

Maintenant, il disait « notre affaire ! » le gabarier ! Oh ! combien changé ! Mais n’était-ce pas dans l’intérêt de ces enfants ?

À dix heures, il n’y avait aucune apparence de terre. Et, de fait, en cette partie de la Méditerranée, entre la Sicile et le cap Bon, on ne rencontre d’autre île importante que Pantellaria. Or, il ne s’agissait pas d’une île, il s’agissait d’un îlot, d’un simple îlot, et pas le moindre au large…