Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/345

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Et lorsque le banquier et le notaire regardaient maître Antifer, c’est à peine s’ils pouvaient apercevoir son œil fulgurant, sa bouche fendue jusqu’aux oreilles, à travers les tourbillons bleuâtres de sa pipe poussée à grand feu !

Jacopo Grappa ne comprenait rien à la direction qu’on donnait à la felouque. Ses passagers avaient-ils donc l’intention de rallier le littoral tunisien ? Peu lui importait, en somme. On le payait, d’un bon prix, pour aller dans l’ouest, et il irait tant qu’on ne lui commanderait pas de virer de bord.

« Donque, dit-il à Juhel, c’est toujours plous au couchant la route à souivre ?… »

— Oui.

Va bene ! »

Et il allait bene.

À dix heures un quart, Juhel, son sextant à la main, fit sa première observation ; il reconnut que la felouque était par 37° 30’ de latitude nord, et 10° 33’ de longitude est.

Tandis qu’il opérait, maître Antifer le regardait obliquement en clignant de l’œil.

« Eh bien, Juhel ?…

— Mon oncle, nous sommes juste en lon-