Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/41

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l’Antifer annoncé dans la lettre de Kamylk-Pacha. En vain tenta-t-il de connaître le sort de cet Égyptien. Rien n’avait transpiré de sa capture à bord du brick-goélette en 1834, rien de son transport au Caire, rien de son emprisonnement dans la forteresse pendant dix-huit ans, rien de sa mort survenue en 1852.

Or, on était en 1862. Vingt ans écoulés depuis 1842, et le Malouin n’avait point paru, et la longitude n’avait pas rejoint la latitude… Le gisement de l’îlot était toujours à déterminer… Cependant Zambuco n’avait point perdu confiance. Que les intentions de Kamylk-Pacha dussent se réaliser tôt ou tard, il n’en voulait pas douter. Dans sa pensée, le susdit Antifer se montrerait aussi sûrement à l’horizon de la rue des Maltais qu’une comète annoncée par les observatoires des deux mondes se montre à travers l’espace. Son seul regret, — regret très naturel chez un tel homme, — c’était d’avoir à partager le legs avec un autre. Aussi l’envoyait-il mentalement à tous les diables. Mais il ne pouvait rien changer aux dispositions prises par le reconnaissant Égyptien. Et, pourtant, de partager les cent millions, cela lui paraissait monstrueux !… C’est pour-