Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/49

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« Ah ! le gueux !… Il est donc cent fois millionnaire ! » pensa maître Antifer.

Mais, en ce moment, le banquier détourna la conversation sur une autre piste, dans le but d’apprendre ce qu’il ignorait encore, c’est-à-dire à la suite de quel enchaînement de faits, il recevait la visite du Malouin. Aussi, dit-il d’un ton assez dubitatif, en essuyant ses lunettes du coin de son mouchoir :

« D’ailleurs, est-ce que vous croyez sérieusement à cette histoire de trésor ?…

— Si j’y crois ?… Comme je crois à la Sainte Trinité en trois personnes ! »

Et celà, il l’affirma avec autant de conviction, avec autant de foi qu’on en peut mettre, lorsqu’on est Breton bretonnant.

Alors, il raconta tout ce qui s’était passé, dans quelles conditions, en 1799, son père avait sauvé la vie du pacha ; comment en 1842, une mystérieuse lettre était arrivée à Saint-Malo, annonçant le dépôt du trésor sur un îlot à rechercher ; comment lui, Antifer, avait reçu de son père mourant ce secret connu de lui seul ; comment, pendant vingt années il avait attendu le messager chargé de compléter la formule hydrographique permettant d’établir