Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/56

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avoir attendu. Il va sans dire qu’elle était sous la dépendance de son frère, et qu’un mari, offert par lui, serait accepté les yeux fermés.

Mais le Malouin consentirait-il jamais à fermer les siens pour épouser cette antique Maltaise ? Le banquier n’en doutait pas, car il se croyait maître d’imposer telles conditions qu’il lui plairait à son colégataire. D’ailleurs, les marins n’ont pas le droit d’être difficiles — il le pensait du moins.

Ah ! malheureux Pierre-Servan-Malo, dans quelle galère t’es-tu embarqué, et combien eût été préférable une promenade sur la Rance, même à bord de la Charmante-Amélie, la gabarre de ton ami Trégomain, du temps qu’elle existait !

On sait maintenant à quoi s’en tenir sur le jeu que jouait le banquier. Rien de plus simple, à la fois, et rien de mieux combiné. Il ne livrerait sa latitude qu’en échange de la vie de maître Antifer — entendons-nous, — de sa vie enchaînée par mariage indissoluble avec Mlle Talisma Zambuco.

Tout d’abord, avant de retirer de son coffre la lettre de Kamylk-Pacha, à l’instant où il