Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/55

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voqua un froncement de sourcil du banquier, qui se remit à sa besogne.

Avait-il donc une famille, ce Zambuco ? Oui, et personne ne s’en doutait à Tunis. Sa famille, en réalité, ne se composait que d’une sœur, ainsi que cela a été dit. Mlle Talisma Zambuco vivait assez modestement à Malte, d’une pension que son frère lui servait. Seulement — ce qu’il importe d’ajouter — c’est qu’elle y vivait depuis quarante-sept ans déjà, autant dire un demi-siècle. Elle n’avait jamais eu l’occasion de se marier, d’abord parce qu’elle laissait à désirer sous le rapport de la beauté, de l’intelligence, de l’esprit, de la fortune, et aussi parce que son frère ne lui avait pas encore trouvé un mari, et que les épouseurs ne songeaient point, paraît-il, à se présenter d’eux-mêmes.

Et cependant, Zambuco comptait fermement que sa sœur se marierait un jour. Avec qui, grand Dieu ?… Eh bien, avec cet Antifer dont il attendait la visite depuis vingt ans, et qui comblerait les vœux de la vieille fille, pourvu qu’il fût veuf ou garçon. Le mariage accompli, les millions seraient fixés dans la famille, et Mlle Talisma Zambuco ne perdrait rien pour