Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/59

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— Peuh… » souffla le banquier.

Et il fit une moue si dédaigneuse, que son interlocuteur, qui ne se possédait plus, se mit en posture pour lui sauter à la gorge… un misérable qui refusait de prendre livraison de cent millions et sans profit pour personne !

Jamais, peut-être, le banquier Zambuco, qui, dans sa longue carrière d’usurier, avait étranglé tant de pauvres diables au moral, ne fut plus près de l’être au physique ! Il le comprit, sans doute, car, se radoucissant, il dit :

« Il y aurait, je pense, un moyen de s’arranger ! »

Maître Antifer referma ses mains et les fourra dans sa poche afin d’être moins tenté de s’en servir.

« Monsieur, reprit le banquier, je suis riche, j’ai des goûts très simples, et ce ne sont pas cinquante millions ni même cent qui changeraient rien à ma façon de vivre. Mais j’ai une passion, la passion d’accumuler sacs d’or sur sacs d’or, et, je l’avoue, le trésor de Kamylk-Pacha ferait bonne figure dans mes coffres. Eh bien, depuis que je connais l’existence de ce trésor, je n’ai eu d’autre pensée que d’arriver à sa possession tout entière.