Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nable ! répliqua Gildas Trégomain, qui parvint à se donner l’accent de la colère.

— Voyons… Juhel ?…

— Mon oncle ?…

— Si nous le dénoncions aux autorités ?…

— Sans doute, c’est un dernier moyen…

— Oui… car les autorités peuvent faire ce qui est interdit à un particulier… Elles peuvent lui appliquer la question… le tenailler aux mamelles… lui rôtir les pattes à petit feu… et il faudra bien qu’il s’exécute !

— L’idée n’est pas mauvaise, mon oncle.

— Excellente, Juhel, et, pour avoir raison de cet horrible mercanti, j’aimerais mieux sacrifier ma part de trésor et l’abandonner à la fortune publique…

— Ah ! voilà qui serait beau, noble, généreux ! s’écria le gabarier. Voilà qui serait digne d’un Français… d’un Malouin… d’un véritable Antifer… »

Sans doute, en émettant cette proposition, l’oncle de Juhel était allé plus loin qu’il ne voulait, car il lança un si terrible regard à Gildas Trégomain que le digne homme arrêta court son élan d’admiration.

« Cent millions !… cent millions !… répétait