Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

femmes, la mère et la fille. La chambre vide de Juhel faisait vide toute cette demeure : c’est du moins l’impression que ressentait Énogate. Ajoutez-y que son oncle n’y était pas, que l’ami Trégomain n’y venait plus !

On était au 29 avril. Deux mois, deux mois déjà depuis que le Steersman avait pris la mer, emportant les trois Malouins en cette aventureuse campagne à la conquête d’un trésor. Comment s’était accompli leur voyage ?… Où se trouvaient-ils alors ?… Avaient-ils atteint leur but ?…

« Mère… mère, disait la jeune fille, ils ne reviendront plus !

— Si… mon enfant… aie confiance… ils reviendront ! répondait invariablement la vieille Bretonne. Tout de même, peut-être qu’ils auraient mieux fait de ne pas nous quitter…

— Oui, murmurait Énogate, au moment où j’allais devenir la femme de Juhel ! »

Constatons ici que le départ de maître Antifer n’avait pas été sans produire un prodigieux effet en ville. On était si accoutumé à le voir déambuler, la pipe à la bouche, à travers les rues, le long du Sillon, sur les remparts ! Et Gildas Trégomain, marchant à son