Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/9

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côté, un peu en arrière, ses jambes toujours arquées, son nez toujours aquilin, son veston toujours plissé aux entournures, sa bonne figure toujours placide et rayonnante de bonté !

Et Juhel, le jeune capitaine au long cours, dont sa ville natale s’enorgueillissait, qu’elle aimait autant que l’aimait Énogate — disons comme une mère aime son fils — ne voilà-t-il pas qu’il avait pris son vol, alors qu’il allait être nommé second d’un beau trois-mâts-barque de la maison Le Baillif et Cie !

Où étaient-ils tous les trois ? On n’en avait aucune idée. Personne ne se doutait que le Steersman les conduisait à Port-Saïd. Énogate et Nanon étaient seules à savoir qu’ils devaient descendre la mer Rouge, s’aventurer presque aux limites septentrionales de l’océan Indien. Maître Antifer avait sagement fait de garder son secret, puisqu’il ne voulait pas que Ben-Omar eût vent de quoi que ce fût relatif au gisement du fameux îlot.

Toutefois, si l’on ne connaissait rien de son itinéraire, il n’en était pas ainsi de ses projets, trop loquace, trop exubérant, trop communicatif pour s’être tu à cet égard. À Saint-Malo comme à Saint-Servan, comme à Dinard,