Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/89

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brées de rayures jaunes, sous lesquels apparaissaient des têtes de femmes arabes à la physionomie sérieuse, des frimousses hâlées d’enfants, non moins graves que leurs mères. Au loin dans les champs, sur les talus, entre les anfractuosités rocheuses, paissaient des troupeaux de moutons, cabriolaient des bandes de chèvres, noires comme des corbeaux.

Des oiseaux s’envolaient parfois au passage de la diligence, alors que le claquement du fouet cinglait l’air. Entre ces oiseaux, les perruches, très nombreuses, se distinguaient par leurs vives couleurs. Il y en avait par milliers, et si la nature leur avait appris à chanter, l’homme ne leur avait pas encore appris à parler. Donc, on voyageait au milieu d’un concert, non d’un babillage.

Les relais furent fréquents. Gildas Trégomain et Juhel ne manquaient pas d’y descendre pour se dégourdir les jambes. Le banquier Zambuco les imitait quelquefois, mais ne causait guère avec ses compagnons de route.

« Voilà un bonhomme, remarqua le gabarier, qui me paraît aussi avide des millions du pacha que notre ami Antifer !

— En effet, monsieur Trégomain, et ces