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deux colégataires sont dignes l’un de l’autre ! »

Saouk, lorsqu’il mettait pied à terre, essayait toujours de surprendre quelque mot des conversations qu’il était censé ne pas comprendre. Quant à Ben-Omar il restait immobile en son coin, tout à cette idée qu’il serait obligé de naviguer, et, qu’après les courtes lames de la Méditerranée, il lui faudrait braver les longues houles de l’océan Atlantique !

Pierre-Servan-Malo ne démarrait pas de sa place, sa pensée se concentrant sur cet îlot numéro deux, ce roc perdu au milieu des brûlantes eaux africaines !

Ce jour-là, avant le coucher du soleil, apparut un ensemble de mosquées, de marabouts, de dômes blancs, de minarets aigus : c’était la bourgade de Tabourka, cerclée d’un cadre de verdure, et qui conserve intact son aspect de ville tunisienne.

La diligence y vint faire halte pendant quelques heures. Les voyageurs trouvèrent au relais un hôtel ou plutôt une auberge, où leur fut servi un repas à peu près convenable. Quant à visiter la ville, inutile d’y songer. Des six, il n’y aurait eu que le gabarier, et peut-être Juhel à sa sollicitation, qui auraient pu