Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, Partie II, 1894.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avoir de ces idées-là. Du reste, maître Antifer leur intima, une fois pour toutes, l’ordre de ne point s’éloigner, par crainte de provoquer des retards, — et ils se le tinrent pour dit.

À neuf heures du soir, reprise du voyage par une belle nuit scintillante. Ce n’est pourtant pas sans danger que les voitures se hasardent à travers ces campagnes désertes entre le coucher et le lever du soleil, — dangers provenant du mauvais état des routes, dangers de rencontre possible avec des malfaiteurs de grand chemin, Kroumirs ou autres, dangers d’être attaqués par des fauves, ce qui arrive quelquefois. Et, très distinctement, au milieu de cette ombre tranquille, à la lisière des bois épais que longeait la diligence, on entendit des rugissements de lions, des rauquements de panthères. Les chevaux s’ébrouaient alors, et il fallait toute l’adresse du conducteur pour les maîtriser. Quant au miaulement des hyènes, ces chats prétentieux, on ne s’en inquiétait même pas.

Enfin le zénith blanchit dès quatre heures du matin, et la campagne s’éclaira d’assez de lumière diffuse pour qu’on pût en ressaisir peu à peu les détails.