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d’ailleurs, d’être irrésistiblement subjugué par le besoin de sommeil, après quarante-trois heures d’un voyage si cahoté.

Le jour commençait à poindre, lorsque maître Antifer et ses compagnons arrivèrent à Soukharas, au bout d’un interminable lacet, jeté sur le flanc de la colline, qui relie la bourgade au thalweg de la vallée.

Un confortable hôtel, — l’Hôtel Thagaste, — tout près de la place de ce nom, offrit bon accueil aux voyageurs éreintés. Cette fois, les trois heures qu’ils y passèrent ne leur parurent pas trop longues, et certainement, elles leur auraient paru trop courtes s’ils avaient voulu visiter cette pittoresque Soukharas. Inutile d’ajouter que maître Antifer et le banquier Zambuco pestèrent contre le temps perdu à ce relais. Mais la voiture ne pouvait pas en repartir avant six heures du matin.

« Calme-toi, répétait Gildas Trégomain à son irritable compatriote. Nous serons à Bône à temps pour prendre le train demain matin…

— Et pourquoi, avec un peu plus de hâte, n’aurions-nous pas pris celui de ce soir ? riposta maître Antifer.